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OM : quartiers nord inside


Mardi 1 Septembre 2015 11:39


Ça tourne en boucle. L'OM dit vouloir passer à l'action dans les quartiers nord de la ville pour aider la population à sortir de la misère et de la violence. Immersion et réactions des résidents.



20 heures. Mercredi 26 août. Le soleil se couche sur la cité phocéenne. La ville, elle, s'éveille. Dans le quartier des Arnavaux, Salim ouvre son commerce de proximité. Rencontre. Au premier abord, l'homme ne souhaite pas s'exprimer. La peur de représailles. Puis, après plusieurs de discussions, il se décide : " L'OM, dans cette ville, c'est plus qu'un club, c'est une identité. Il n'y a qu'à voir au fond de mon magasin, je vends des trucs du club, même ici dans les quartiers nord. C'est dire l'importance qu'à cette équipe dans notre vie. On ne pourra jamais changer ça. Par contre, eux, changent notre vie. On vit au rythme de l'OM. Mais de là à dire que le club peut nous aider à nous sortir de cette situation, je ne pense pas. Le problème est bien plus profond ".

" L'OM ne me fait pas manger "
Dans les quartiers nord (13, 14, 15 et 16ème arrondissements), le taux de chômage dépasse les 20% en moyenne. De quoi désespérer les plus entreprenants. Un peu plus loin, dans la cité de La Castellane, qui a vu grandir Zizou, le décor est encore plus dépaysant. Dernièrement, la police y a effectué une opération coup de poing pour enrayer un trafic de stupéfiants. En pleine rue, deux amis de 20 piges, maillot de foot sur le dos, effectuent quelques dribbles. Tentative d'approche. Réponse cinglante. " Ici, c'est la jungle ! L'OM n'y peut rien ", lâche Zelette. " Dans la téci, on vit du business, c'est ça qui nous rapporte de la thune ". Même discours chez Kader : " Moi, ça me fait trop rire quand j'entends les gens dire que le Vél réunit toutes les classes sociales. Les pauvres sont dans les virages, les riches en Ganay. Et après, on nous fait croire qu'il n'y a pas de différences. Y'a juste à regarder les prix des billets pour le voir ! Faut arrêter de croire que l'OM peut jouer un rôle dans notre ville. C'est un club de foot, point barre. Rien de plus. Ce n'est pas l'OM qui va nous faire bouffer ma famille et moi. Ils ne peuvent rien pour nous ".

" On a besoin du club "
Je quitte ce " tierquar "rempli de doutes avec une question en tête : l'OM peut-il réellement avoir un rôle à jouer au sein d'une population qui semble désespérée ? L'espoir revient quand j'effectue un ultime détour par le quartier de La Rose dans le 13ème. En bas d'un supermarché, j'interpelle Yaya avec ses deux minots. Il semble plus optimiste à l'idée de voir l'OM s'impliquer pleinement dans son fief : " On n'en peut plus. On nous stigmatise mais c'est une minorité qui fout la merde. Le reste de la population travaille et essaye de s'en sortir. Et je pense qu'au vu de l'impact de l'OM à Marseille et partout en France, les dirigeants pourraient nous aider en agissant pour notre bien. En tout cas, je n'y vois que du positif. Mes enfants vont grandir ici, je n'ai pas envie qu'ils tournent mal ".
Finalement, le mal semble être plus profond et d'ordre national. Souvenir. 2013 : Marseille était capitale européenne de la culture. Pourtant, aucune trace, aucun panneau le rappelle dans ces quartiers délaissés. Dans les autres arrondissements fleurissent des pancartes aux couleurs de Marseille-Provence. Y aurait-il deux poids, deux mesures dans ce que tout le monde appelle la ville la plus populaire de France ? Au niveau moral, une remise en question s'impose...



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