Interview de Johnny Fudal, auteur de « Star des années 2050 »


Mardi 19 Juillet 2016 21:13 - écrit par



Peux tu te présenter ?

Je m’appelle Johnny Fudal, je vais avoir 28 ans en août. Je suis technicien informatique à Lyon. Je vis dans la capitale des Gaules depuis 2010. Avant cela, j’ai vécu à Tourcoing, à Herseaux-Mouscron (Belgique) puis à Calonne-Liévin. Je suis passionné de football depuis mon plus jeune âge. Que dire de plus… Le plus important est le livre « Star des Années 2050 »

Comment t'es venue l’idée du livre ?

En 2010, j’ai lu un article de « L’Equipe Explore », c’est un récit-fiction de la vie des sportifs en 2064. Le sport y était spectaculaire, tellement que le dopage était accepté, voire même conseillé. Puis, je me suis dit « mais si le football basculait dans cette course au business, au divertissement ? ». J’ai regardé autour de moi et je me suis rendu compte qu’on y allait tout droit. Ce fût une sorte d’électrochoc. « Star des Années 2050 » n’est pas une satire mais le « S.O.S. » d’un footeux en détresse. Je me suis penché sur les éventuelles avancées (positives ou négatives) que connait le football et je les ai couchées sur un papier. J’ai grossi le trait pour en faire « Star des Années 2050 ». Dans un premier temps, le récit était publié sur le forum de PronoFootball.com. Devant l’engouement, la publication du livre est née. Il faut aussi dire que l’idée était dans un coin de ma tête depuis très longtemps. Durant mon adolescence, j’inondais la LFP de courrier pour leur proposer mes idées afin de faire évoluer la Ligue 1.

Combien de temps il t'a fallu pour l'écrire ?

On va dire que ça s'est passé en plusieurs phases : un an pour l'écrire, six mois pour le relire. En plus, j'ai fait tout ça en "secret". Ma compagne, avec qui je vis, ne se doutait pas que j'écrivais. Elle a été mise au courant de ma publication quinze jours après la sortie du livre. Ma famille pensait à une blague. Ils sont habitués à mes boutades, mais quand ils ont vu que c'était pour de vrai, ils m'ont félicité. Mes collègues de boulot l'ont su en lisant le site de 20 Minutes. Il a donc fallu me "cacher" pour écrire. Pour moi, je ne pouvais pas imaginer un jour être publié. Donc ça devait rester dans mon jardin secret.

Quelle partie du livre t'a pris le plus de temps ? Je suppose que tout n'a pas coulé de source ?

J'ai fait beaucoup de recherches. La partie qui a été faite la plus rapidement est la première. J'ai pu "cracher" tout ce que j'avais sur le cœur depuis des années. Mais la plus longue et la plus compliquée fût la partie intermédiaire, la quatrième nommée "Plan 166". Elle parle moins de foot et est plus classique, limite policière. Elle fait moins de trente pages mais ça a du me prendre presque quatre mois. L'inspiration était un peu absente durant cette période. Alors quand elle arrivait, je ne pouvais pas m'en priver. Je l'ai composée à plus de 50% sur tablette en faisant du vélo d’appartement.

C'est l'avantage de l'ouvrage qui peut également plaire à des personnes qui n'ont pas la sensibilité foot .

Oui absolument, à l'entame du livre, un non initié peut vite être largué. Mais plus on avance, plus on voit une histoire se dérouler sous nos yeux. Ça peut vraiment plaire à tout le monde. Il y aura plusieurs lectures, ceux qui seront nostalgiques de notre football, ceux qui apprécieront le football de divertissement et ceux qui diront "ah ben ça, je le savais. Le foot, c'est pourri!"


Au-delà d’être un passionné de foot, je suppose que tu es un grand amateur de science fiction. As tu un ou plusieurs ouvrages de référence qui t'ont inspiré ?

J’aime la science fiction, certes mais il faut aussi dire que la curiosité du « demain » est présente dans toutes les formes culturelles. Ca intrigue l’humain. J’ai des références telles que « 2000 lieux sous les mers » de Jules Verne, « 1984 » de George Orwell, « La Planète des Singes » de Pierre Boulle. Mais je suis également fan de films futuristes comme « Terminator », « Orange Mécanique », « Avatar » mais surtout, au dessus de tout ça, il y a, pour moi « Retour Vers le Futur ». Les mecs étaient forts. Ils ont imaginé un futur qui est presque réalisable aujourd’hui. Je rêve qu’en 2050, mes petits-enfants relisent mon livre en me disant « oh, papy, tu avais raison pour ça ». Mais ils me riront surement au nez en me disant « tu as déconné sur ce point… »


Beaucoup pensent que la science fiction d’aujourd’hui peut être la réalité de demain, c’est ton cas ?

Il y a autant de visions de futur que de personnes. Chacun a une inspiration et une imagination différentes. Mais certains ont plus de talent pour « deviner » le futur. Les œuvres nommés ci-dessus sont criants de vérité. Quand on sait dans quelles conditions ils ont été écrits, on se demande comment ils ont pu deviner tout ça. Ca demande une grande analyse. A titre personnel, j’ai fait énormément de recherches pour écrire ce livre. Le choix des quatre géants du football n’a pas été choisi au hasard. Pour moi, en 2050, l’Asie va dominer le football avec le Qatar, la Chine, le Japon et l’Inde. Rien n’a été pris au hasard. Et tout ceci était écrit bien avant les tentatives de mercatos de folie des chinois. Peut-être que je me trompe, peut-être que j’ai visé juste.

Pense tu réellement que certains passages de ton libre puissent se réaliser à l'horizon 2050 ? 34 ans ça passe vite ...

Pire, je pense que ça va arriver bien avant 2050... J'ai été presque optimiste en tapant dans la cible 2050. Le Mondial au Qatar en 2022 va être un sacré tournant pour le football. Et puis il y a déjà des choses qui se passent en 2016. Ca m'échappe. Quand la Ligue 2 devient sponsorisée par une pizzeria, je me dis que ça part en vrille... Des faits de sociétés pourraient faire accélérer des choses. Le Brexit, par exemple. Ne serait-ce pas l'occasion pour les grandes écuries britanniques d'aller exporter leur siège social ailleurs qu'au Royaume Unis ? On parle beaucoup de Ligue des Champions au système fermé... Quand une équipe comme Paris continuera de s'ennuyer en Ligue 1, ils penseront à une solution afin d'avoir des matchs de haut niveau tous les week end. Et là, on aura la Ligue des Riches et des Classicos tous les mois.

Revenons au foot, suis tu une équipe en particulier ? Le souvenir qui t'a le plus marqué ?

Depuis tout petit, je suis supporter du Racing Club de Lens. J’ai vu les Sang et Or devenir champions de France en 1998, en même temps que le sacre des Bleus au Mondial. Lens, c’est comme un ami d’enfance. J’ai encore des frissons en voyant d’anciens matchs, d’anciens joueurs. Malgré ce qu’il se passe depuis plusieurs années, Lens reste gravé dans mon cœur. Je ne peux pas isoler un seul souvenir, parce que Bollaert a bercé mon enfance. C’était simplement ma vie durant une soirée tous les quinze jours pendant des années. Dans mon cerveau, c’est comme si tout s’était enchainé rapidement. Lens m’a rapproché de mon père avec qui j’allais au stade, car il vendait de la chicoré dans les travées. Puis, mon frère a pris le relai. On s’est même abonné en Ligue 2, juste avant mon départ à Lyon. Aujourd’hui, mon frère m’appelle à chaque « Corons ». Je chante avec lui via téléphone, lui à Bollaert, moi à Lyon. Je risque de vivre un moment magique d’ici quelques semaines. Je ne suis pas retourné à Bollaert depuis mai 2013 et j’y serai ce 22 juillet. Je vais faire l’aller-retour Lyon-Lens pour assister à Lens-Arsenal dans le kop lensois. Ca va être énorme ! Ce que j’aime à Lens c’est que quand tu es en tribunes, ce qu’il se passe sur le terrain est presque anecdotique. Le spectacle, le vrai, est dans les gradins. J’ai hâte de chanter les Corons aux côtés de mon frère, pas par téléphone, et avec mon filleul qui reprend le flambeau (il vient de s’abonner pour la saison prochaine).



As tu suivi l’Euro ? A titre personnel, je me suis particulièrement ennuyé devant 99% des matches, et toi ?

Cet Euro m’a laissé un sentiment bizarre… D’abord, avec sa configuration. 24 qualifiés, les deux tiers allaient au second tour. Du coup, les équipes ne donnaient presque rien en phase de poule. Ce premier tour n’a servi à rien. La preuve, le Portugal n’a gagné aucun match en poule et se retrouve aujourd’hui à un match du sacre… A quand un Euro à 28,7 équipes où on qualifie les meilleurs derniers ? Presque aucun match ne m’a fait vibrer. On a quelques success story comme le Pays de Galles ou l’Islande mais à côté de ça, il n’y a pas eu de Parcours avec un « P » majuscule. Le Portugal n’a gagné qu’un match après 90 minutes. La France a battu la Roumanie, l’Albanie, l’Irlande, l’Islande et l’Allemagne. On a connu plus « kiffant ». Après, ce n’est que du foot… Le principal est de gagner, mais j’ai eu du mal à me passionner, à m’attacher à une équipe. En fait, je pense que cet Euro se vivait en tribunes, pas devant la télévision. Il fallait, surement, le vivre pour l’aimer.


Selon toi, le football doit il évoluer en terme de règles afin de le rendre plus spectaculaire ?

Le football doit évoluer mais dans le bon sens. Alors, oui, je suis pour l’arrivée de la vidéo dans les matchs de football. Mais ça risque de creuser un fossé encore plus grand entre le monde professionnel et amateur. La plus grande révolution doit se passer dans les mentalités et non dans les coulisses. Pour moi, le rôle d’arbitre doit être revu pour faire grandir ce sport. Un arbitre doit être le meneur de jeu. Il doit diriger la rencontre, l’orchestrer, prendre des décisions… et des fois se tromper. L’homme en noir doit être respecté sur le terrain. Pour cela, il doit être autoritaire et juste. Tout d’abord, il faudrait les professionnaliser, les former et surtout les respecter. Quand un seul joueur professionnel, qui est un exemple, conteste toutes les décisions arbitrales dans son match du samedi soir, ce sont cent joueurs amateurs qui reproduiront ceci le dimanche matin… Avant de robotiser l’arbitre, il faut l’humaniser et lui donner un vrai statut sur le terrain. Aujourd’hui, il est la cible facile quand ça ne va pas.



Optimiste pour l’avenir du football ?

Tout dépendra de la tournure qu’on veut lui donner. Si on reste dans la lignée actuelle, c’est sûr qu’on se dirige vers le sport que je décris dans « Star des Années 2050 ». Je ne prétends pas être un porte-parole. Mon livre a été lu et entendu (car une version audio existe pour les non-voyants) par peu de personnes. Je n’ai pas fait un carton et il ne sera pas adapté au cinéma avec The Rock. Mais si le message peut passer auprès de certaines personnes, c’était le but. En l’écrivant, j’ai voulu « dénoncer, annoncer et pourquoi pas renoncer ». Le football est beau, le football est fédérateur. On a beau le détester parfois, on se souvient qu’hier le ballon rond nous a fait rêver. Pour moi, il faut revenir aux fondamentaux. C’est juste du football. Avec la sortie de mon livre, j’ai eu des contacts avec des personnes « du milieu ». Par exemple, j’ai fait la connaissance de Paul Watson. C’est un anglais qui est parti en Mongolie pour faire grandir un club (FC Bayangol) avec des vraies valeurs, avec les valeurs du football. Son parcours est honorable. J’ai également discuté avec des présidents de clubs amateurs. J’ai pris contact avec le président du club d’Herseaux-Mouscron (le RUSH) car ils font une apparition dans le livre. C’est ça le football.



Un nouvel ouvrage en préparation ?

Pour le moment, non. Je me consacre à ma vie professionnelle, à celle qui paye mon loyer. Je vis une expérience mémorable avec la promotion de ce livre. Ca fera de bons souvenirs. Ca fait un peu plus d’un an que « Star des Années 2050 » est sorti, je suis passé sur Be In Sports, on a parlé de moi sur Téléfoot, j’ai eu des articles pour la presse, j’étais sur mon nuage. Je me considère comme chanceux. Par exemple, quand je vois mon oncle qui se bat actuellement contre la maladie, je relativise. C’est un héros. Moi je ne suis qu’un parmi tant d’autres. J’ai pleins de projets en tête, personnel, professionnel, football, hors-football. La vie est belle, il faut en profiter, vivre ses rêves.


Acheter Star des années 2050 ici