France-Allemagne : le récit de la peur


Dimanche 22 Novembre 2015 09:14 - écrit par

Ce 13/11/2015 restera, certainement, dans les annales de ma carrière de journaliste. Pour le deuil que la France a subi. Narration.



Ça devait être un soir de fête, la revanche de Rio entre la bande à DD et la troupe à Joachim. Mais, au quart d'heure, tout bascule : un énorme bruit retenti dans l'enceinte du SdF. Puis un second, encore plus assourdissant. Sous mes pattes, le sol tremble. Pourtant, autour de moi, mes voisins ne s'inquiètent pas. Le jeu se poursuit, jusqu'à la pause oranges-citrons, où je sors des tribunes. En bas de la porte T, celle qui mène au resto et à la tribune presse, un élément me frappe : les stewards sont tendus. L'un deux se chamaille avec un ado. À quelques mètres de là, une employée explique à un confrère, qui souhaite quitter l'enceinte, que c'est impossible, sans expliquer pourquoi.
Coup d'oeil, sur l'oiseau Larry, sur twitter quoi. Je découvre que des explosions ont eu lieu aux abords du Stade et que tonton Hollande a été évacué. Des flashs reviennent. Une question me hante : les terroristes de Charlie Hebdo ont-ils fait des petits frères ? Je tente à mon tour de quitter les lieux. Un officiel me claque un sens interdit. Retour en tribune presse. Je tremble sur mon siège. Je jongle entre les réseaux sociaux pour essayer de comprendre. La seconde mi-temps démarre mais ce qui se passe sur le pré n'est secondaire par rapport aux infos qu'on annonce. Alors que des spectateurs continuent de vider des pintes de bière après le goal de Gignac, je tente de poster sur les réseaux sociaux un message de survie. Pour rassurer mes proches. Mais la connexion internet est difficile. J'attends...
À 10 minutes du coup de sifflet final, j'entends un steward annoncer à son collègue que les portes du Stade sont de nouveau ouvertes. Je décide de déguerpir. La peur au ventre, je quitte le paddock par la porte T, guidé par un costume-cravate. Outdoor, l'ambiance est tout autre : le tableau du chaos. Des gens courent, d'autres déambulent : c'est la totale incompréhension. La polizei est partout. Pourtant, les échos de jubilation du Stade résonnent. Surréaliste !
Direction la ligne 13 du métro pour regagner Boulogne-Billancourt. Des hélicoptères survolent le Stade, Paname. Des CRS nous encerclent. Puis vous stoppent la route. " Levez les mains ! ", s'époumonent-ils. L'angoisse monte, les gens se poussent. Les CRS tente de dompter le troupeau. Après quelques minutes de flottement, je reprends mon chemin. Les CRS s'agitent dans tous les sens, intiment l'ordre de ne pas faire arrière à ceux qui veulent retourner aux abords du Stade.

Dans le métro, le cortège est dense. Chacun tente de joindre les siens. Tout en regardant partout pour vérifier qu'aucun danger ne guette. Une fois dans la rame, le silence est pesant. Les couples s'enlacent, des passagers scrutent les réseaux sociaux. La rumeur d'un nouvel attentat à Châtelet se propage. 45 minutes plus tard, je suis entre 4 murs pour découvrir l'ampleur de ce qui restera, mon black match en tant que journaliste, la soirée de l'horreur de 2015